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Goma: Obligées de nourrir seules leur maisonnée, les femmes sont sur tous les fronts de métier

C’est depuis plusieurs jours, maintenant, que la ville de Goma vit comme un malade sous perfusion. Asphyxiés de toutes parts par l’action d’envahissement du Rwanda-Uganda, via un mouvement satellite, le M23, les pauvres habitants sont sur le qui vive, ils n’ont personne pour plaider leur cause. Les activités générales ont baissé de régime, plusieurs bureaux ont choisi de fermer leurs portes; plus de salaires à certains qui continuent de travailler, en dépit des conditions intenables. Les principaux perdants sont les hommes qui ont vu leurs noms être rayés des listings où ils travaillaient, laissant ainsi la charge de leurs maisons à leurs épouses.

” _Depuis la guerre d’occupation, mon mari a arrêté le trafic des produits vivriers, notre seule source de revenus. Les enfants ont abandonnés les cours, nous en sommes arrivés au point de manquer même à manger. C’est là que la rage m’a jetté vers l’inconnu. Je me suis retrouvée dans ce métier de boucher, alors que je ne l’avais jamais fait au par avant. Petit à petit, malgré la rareté du bétail, j’ai équilibré la balance familiale, les enfants mangent à leur faim et, moi, je commence à prendre goût au métier_ “, explique Bernadette N’simire.

Le travail devient quasi inexistant en ville de Goma. Pourtant, il faut travailler pour vivre. Les hommes passent, pour la plupart, leur temps à parler politique; à boire du vin ou du whisky local donné à vil prix; pour d’autres, toute la journée, ils cherchent de quoi s’occuper sans trouver.

” _Nous négocions des occupations même au moindre coût, personne ne nous ouvre la porte. Les quelques ouvertures sont données aux jeunes filles sinon aux jeunes femmes. Nous nous sentons comme obligés de croiser les bras et, de laisser nos filles, nos femmes s’occuper de nos enfants. Ce n’est pas ce que nous souhaitons, mais nous sommes limités_ “, indique Bruno Muhesi.

Les femmes de Goma, sans trop être préparées, se retrouvent sur tous les fronts, maintenant. Elles sont dans tous les secteurs de l’informel, à part le public ou le privé où on les voit également en novembre.

” _Ce n’est pas de la parité mais la vie m’y contraint. Il y a huit mois je faisais Minova. Mon tendre mari ne savait pas comment nous faisions. Un jour, il décida de m’accompagner. Voyant comment l’on se battait pour obtenir la marchandise, il s’est senti intrigué. Le comble, c’est quand, en route, il a regardé où j’étais perchée sur le camion, en tant que femme. À la maison, il a signé la fin de ce travail là. Il ne l’a pas aimé. Je crois, aussi, qu’il a eu peur pour moi. Il a, alors, tout fait pour m’ouvrir ce petit commerce_ “, témoigne Habineza Solange, vendeuse à la sauvette.

Les femmes sont sur tous les fronts. Tant qu’elles y gagnent du pain, elles ne regardent plus leur féminité, qu’elles utilisent, d’ailleurs, gentiment, pour se faire assez de clientèle.

Rochereau Kighoma

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