Chaque 14 février de l’année, c’est devenu une date considérée dans de nombreux pays comme la fête des amoureux. Les couples en profitent pour s’échanger des mots doux et des cadeaux comme des roses, des cartes postales , ou des randonnées spéciales.
Pendant bien des années, la République Démocratique du Congo, en particulier la Ville de Goma, n’a pas échappé à la tradition.
Mais, ces jours les temps ont changé. Comme pour dire autre époque, autres mœurs. C’est comme si l’amour s’est désagrégé progressivement, au fil du temps. Des jeunes gens rencontrés à ce propos par Kanzu Group Media l’ont attesté:
” _Les amoureux d’aujourd’hui vivent l’air pollué par les bruits de bottes, les crépitements de balles, les explosions d’obus,Tout se brise autour de nous, laissant place à des flots de sang humain innocent. Comment voulez-vous que dans un environnement de ce genre, nous puissions avoir du temps à nous faire des vilains câlins_ ?”, s’interroge Judith Muhozi, une étudiante.Mais, l’amour reste.
Voici une journée qui s’éternise,
L’idée de te retrouver à sa fin me comble de bonheur,
Car tu vaux plus que la mort,Mon amour.
Joyeuse Saint-Valentin à toi,
Que j’aime du fond de mon cœur.
Les historiens ne s’accordent pas sur les origines de la Saint-Valentin : découle-t-elle d’une fête, d’une exécution, ou encore d’un poème ? Les théories sont nombreuses.
Les origines les plus anciennes remonteraient à une célébration annuelle et païenne connue sous le nom de Lupercalia, ou les Lupercales. Cette fête, qui se tenait le 15 février, visait durant la Rome antique à célébrer la fertilité. Les hommes se dévêtaient, sacrifiaient un mouton ou un chien, et se couvraient de la peau de l’animal sacrifié dans le but d’accroître, pensaient-ils, leur fertilité avant de rencontrer des jeunes filles, comme l’explique Noel Lenski de l’Université du Colorado.
Les Lupercales étaient très populaires, et constituaient l’une des dernières festivités païennes à être encore célébrées 150 ans après la christianisation de l’Empire romain par l’empereur Constantin.
C’est à la fin du 5e siècle que le pape Gélase Ier mit fin aux fameuses Lupercales. Peu après, l’Église catholique fit du 14 février un jour de fête destiné à rendre hommage au martyr Saint Valentin.
Une vendeuse de fleurs artificiels au centre ville déplore la désintégration de la situation. Elle émet des craintes sur l’avenir affectif de la génération des Congolais de l’Est de la République Démocratique du Congo.
” _Les fleuristes n’ont plus rien à faire ici. Toute la journée, personne ne vient jetter un œil à nos marchandises, pas même pour un jour comme la Saint-Valentin où, autrefois, on faisait une bonne vente. C’est triste de voir, au lieu des fleurs à offrir, ce sont les habits de militaires, les jouets en pistolet, les films de guerre qui se partagent, comme des petits pains_ “
Visiblement, les mémoires individuelle et collective ont la pensée à la sécurité qu’à l’amour. Comme l’argent, l’amour a horreur du bruit. Matina Stella, jeune femme entrepreneur s’inquiète:
” _Il se peut que tous nos copains sont partis à la guerre comme réservistes, ou ils sont morts pour ne plus nous revenir. C’est ainsi que nous vivons, désormais. S’ils combattent pour l’intégrité de notre Pays, alors ils auront tout notre amour au retour. Mais, s’ils sont partis verser le sang à cause de ces terres de nos ancêtres, nous les rencontreront là-bas, et nous profiterons loin de nos ennemis qui nous tuent_”.
Les amoureux n’ont pas été visibles dans les rues, ni dans les places habituelles des amoureux. Les randonneurs sont absents, même dans les réseaux sociaux. Les beautés à admirer sont dans la nature, mais les conditions ne sont plus au rendez-vous
Rochereau Kighoma
