Goma/Société: Certaines jeunes filles affirment vivre par débrouillardise, ce qui les expose

16 janvier 2024 by Rédaction

Plusieurs personnes sont d’avis, presque unanimement, que la situation actuelle est une résultante d’un ensemble de facteurs endogènes et exogènes bien définis. Il peut s’agir, entre autres, de la politique générale de gestion du pays; des interférences de la mondialisation, des croyances importées, de la pauvreté généralisée et, même, de l’oisiveté, pour certaines gens.

” mon père a été chassé de son travail sans motif. C’est là que notre calvaire a commencé. Toute la famille a sombré, tellement il en était le pilier. Personne ne nous vient en aide et notre mère semble submergée par les évènements. Nous sommes 6 filles et 2 garçons et, je suis l’aînée. Je me dois de venir en aide à notre mère, pour les besoins de la maisonnée. Je me prends totalement en charge alors que j’ai à peine 16 ans. Je cours tous les risques possibles, dont les maladies vénériennes, pourvu que je gagne quelque chose. Demandez-moi comment je fais. Vous avez la réponse”, explique une jeune fille consultée à ce sujet

Ce cas est loin d’être unique sinon une chimère. Plusieurs familles, en cette période bien précise, en ont au moins un témoignage à débiter. La succession des évènements malheureux en a été l’élément instigateur, comme le témoigne Jacqueline Dusabe, déplacée de guerre venue de Masisi

“nous avons fui devant la rébellion rwandaise du M23, laissant tout derrière nous. Mon père, ici dans le camp de fortune où nous vivons contre gré, a cédé à l’alcoolisme. Nous ne comptons plus que sur notre mère, malgré ses très maigres moyens. À 17 ans, j’ai été empochée dans un bar. Le jour, malgré mon jeune âge, je fais la généreuse compagnie à mon patron; la nuit, je suis au plus offrant. C’est ainsi que je me trouve de quoi manger pour ma famille et moi-même; surtout de quoi me vêtir, pour bien paraître au lendemain. Ainsi, chaque jour qui passe, le nombre de clients va en croisant et, j’amasse une bonne fortune, malgré la fatigue et les humiliations. Petite tache dans mon travail: je suis enceinte d’un homme que je ne sais pas identifier jusqu’aujourd’hui”.

Les jeunes filles ont leurs limites, liées à leur genre, ce n’est pas une insulte. Bon nombre limitent bas leurs études. Et, quand bien-même elles ont assez étudié, elles veulent des facilités partout, à chaque moment. On en voit sur la rue, dans les hôtels, les femmes de jouissance alors qu’elles ont des bonnes études. Leur malheur est-ce d’être filles abandonnée des parents ? Deborah ne croit pas le contraire.

“depuis la nuit des temps, les hommes nous utilisent toujours comme ça. Après une victoire, le roi ou le prince, pour se réjouir, en appelait à la bière, et à une jolie femme dans son lit. Ou, pour faire la paix d’une façon plus ou moins pérenne, on proposait la plus belle fille de la cour comme gage au camp adverse. Aujourd’hui, les mêmes causes produisent les mêmes effets. Nous, jeunes filles, sommes obligées de couler dans les mêmes veines: nous donnons l’amour, pour quelques bénéfices matériels. C’est tout. Je suis trop jeune, belle mais issue d’une famille pauvre. À 17 ans, je n’attends plus rien de mes parents. Je me débrouille assez bien, comme jeune femme. La première des choses, c’est de me payer les plus beaux habits qui soient, pour me permettre d’être vue par les hommes”.

Beaucoup de jeunes filles sont dans la débrouillardise, en particulier en pleine adolescence. Elles sont prêtes à tout embrasser pourvu qu’elles gagnent ce qu’elles cherchent ou ce que ne sait pas leur donner la famille. Elles ne le font pas pour construire ou investir, mais pour des besoins génériques de base. Et, les dangers les guettent: déshonneur, rivalités meurtrières, maladies incurables, grossesses indésirables… à titre illustratif.

Rocherau Kighoma

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