La ville de Goma, capitale du Nord-Kivu, et par effet d’entraînement les Territoires mitoyens de Masisi et Nyiragongo, ont observé une journée ville morte, ce lundi 29 Janvier 2024. C’était à l’appel des conducteurs de motos taxis, réunis au sein d’une corporation appelée Taximen Patriotes.
Ceux-ci, après près de 20 jours, ils contestent la mesure unilatérale du Maire interdisant toute circulation des motos, au-delà de 18h00 et, ce jusqu’à nouvel ordre.
Cette mesure a bien irrité les sensibilités et exacerbé une situation déjà volatile et délétère. Kasongo Franck, nom d’emprunt, est un revendeur de téléphones au marché appelé ki-30.
“Depuis que le monde est monde, jamais l’administration n’a été dans les gènes des militaires. Ils prennent des décisions comme par sentiments, sinon sans état d’âme. Tous ces militaires et policiers qui nous dirigent aujourd’hui, leurs enfants, leurs familles ne sont pas ici. Ils vivent bien là-bas. Ils vont à l’école, rien n’est inquiétant pour eux. C’est comme ça qu’ils prennent des décisions impopulaires, à leur propre avantage et, non, celui de la population”, affirme t-il.
Toutes les activités ont été paralysées, presque. Les badauds se sont même amusés à jouer du foot sur la chaussée durant de longues heures. Vers la mi-journée, quelques véhicules des privés ont été visibles. Seules les ambulances ainsi que les corbillards à la tête des cortèges funèbres ont été maîtres du terrain.
Zainate Abibu est une bradeuse de monnaie qui peint la situation vécue.
“Regardez, ki-30, c’est parmi les points phares d’ici. Voilà, il a perdu sa bruyance habituelle. Quand il n’ouvre pas comme ça, c’est mauvais signe. Nous autres qui vivons au taux du jour, par exemple, nous sommes malheureux. Qui peut encore trimbaler son argent jusqu’ici, dans une telle situation que causent nos autorités? À leur place, j’appellerais au dialogue tous ces Taximans, au lieu d’un bras de fer, même déguisé”.
Ce marché dessert des milliers de gens. Il est reconnu pour ses articles diversifiés et, à moindre coût. Comme il a été à l’arrêt, plusieurs personnes en sont pénalisées.
Josée Saambili est garde-malade à l’Hôpital général de Virunga.
“C’est tout simplement dommage. J’ai un malade à qui il faut des fruits et du poisson frais. Maintenant que ce marché est en berne, je les trouve où?”,se lamentent-elle.
Les organisateurs de cette journée ville morte peuvent, avec raison, se taper la poitrine. Ils ont réussi à faire fermer les portes de plusieurs activités à la fois, au-delà de leur secteur de transport. Sauf, après, la mesure de Mr le Maire, Kapend Kamand Faustin, est et reste encore en vigueur.
Rocherau Kighoma
