Le quart de siècle en cours aura été plus long que jamais pour les habitants de l’Est de la République Démocratique du Congo en proie à des tumultes guerriers, très meurtriers. Par trois fois, les élections à divers niveaux ont eu lieu; des gouvernements se sont succédés, suscitant vainement de l’espoir pour un lendemain meilleur.
La population sentant sa mort prochaine, abandonnée à son triste sort, va se chercher des moyens locaux de protection contre son propre Gouvernement, perçu peu à peu comme bourreau ; et contre les prédateurs, dont les groupes armés étrangers, sans foi ni loi, qui foisonnaient ça et là.
Entre autres rebellions qui se rendront tristement célèbres, marquant en gras l’histoire récente de ce pays d’une tache rouge de sang innocent figure le Rassemblement Congolais pour la Démocratie. Un monstre à plusieurs têtes, qui se métamorphosera en vite en Congrès National pour la Défense du Peuple et, enfin en Mouvement du 23 Mars.
À chaque fois qu’on lui coupait la tête, cette rébellion savait toujours ressusciter, parfois avec des acteurs différents, les tireurs de ficelles restant les mêmes, tapis dans l’ombre.
” _Ces gens-là ne sont même pas forts. Nous leur reconnaissons seulement la ruse. Ils ont su pénétrer malignement tout notre appareil de défense et de sécurité. C’est cette complicité au plus haut niveau de notre Gouvernement qui nous a creusé la tombe_ “, explique Thierry Kasongo, opérateur politique local.
Le M23 défait en 2013 par les FARDC, dont les malheureux rescapés ont pris refuge, les uns en Ouganda ; les autres au Rwanda, est revenu à la charge en 2021 par le Mont Sabinyo. Profitant de la complaisance de la Mission des Nations-Unies au Congo, selon des sources bien avisées, et des accords inouïs, soupçonneux de la part de certains dignitaires, ce mouvement rebelle pro-Kampala et Kigali s’est installé, presque tranquillement, depuis Bunagana, en territoire de Rutshuru, jusqu’à la cité stratégique de Kitshanga, dans le Masisi, un espace à peu près aussi grand que leurs pays d’origine.
Mascarade ou pas? Alors que la situation de mal en pir, la Communauté régionale s’en mêlait aussi. Des accords de cessez-le-feu contre nature seront signés à Luanda, ensuite Nairobi.
“Nous nous demandons à quoi joue exactement le Gouvernement de Kinshasa. Il nous a été demandé d’établir un pont de collaboration avec nos forces de défense et de sécurité, nous l’avons fait. Ils nous ont parlé de mariage civilo-militaire, nous avons consenti pour l’intérêt supérieur de la Nation. La population est allée jusqu’à les accompagner au front. À notre retour, ils sont arrivés après nous, parlant de repli stratégique. Ce repli est devenu un cessez-le-feu éternel, unilatéral, au grand desarroi de la population de la population_ “, raconte, sous anonymat, un acteur de la Société civile.
Les forces loyalistes restent comme dans un état de mort cérébrale, alors que les terroristes M23 lorgnent encore des terres qu’ils rafollent tant, crachant sciemment sur les fameux accords de cessez-le-feu. Seules les forces citoyennes et patriotes Wazalendo défendent honorablement le pays sous les drapeaux, pendant que ceux qui l’avaient juré sous les drapeaux ont leurs yeux rivés ailleurs.
Rochereau Kighoma.
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