La campagne électorale, en République Démocratique du Congo, pour cette session en cours, a débuté officiellement le 19 Novembre 2023 dernier. Avec elle, une myriade de plateformes de communication ainsi que des applications mobiles multiformes, susceptibles de fournir un système de messagerie instantanée via les réseaux sociaux de téléphonie mobile, ont vu le jour.
Les candidats ont, ainsi, multiplié les stratégies de communication de leurs messages électoraux, par vidéographie, audio ou par écrits. Comme pour certifier qu’une campagne électorale ne s’improvise pas.
L’espace médiatique cellulaire a été sévèrement pollué par la création à la hâte des groupes de soutien aux candidats.
“Ils m’ont follement intégrée dans leur groupe WhatsApp sans me consulter. Je ne les connais même pas et me demande comment ils ont pu trouver mes coordonnées téléphoniques, ces pauvres salauds. Et, à chaque instant, ils ne postent ou ne parlent que de leur candidat qui n’est, forcément, pas le mien. Vous vous imaginez ça ?” s’interroge Virgile.
Thierry, jeune activiste du mouvement citoyen LUCHA en ville de Goma s’aligne sur la même sphère.
“ _C’est une bonne violation de nos droits et de notre espace privé que de se retrouver précipité au milieu des milliers de gens se regroupant dans un forum dont on ne partage ni conviction ni vision. Sitôt retiré, sitôt réintégré, c’est leur principe. On dirait que les administrateurs ne sommeillent pas et qu’ils n’ont plus un autre travail que celui d’élargir, à longueur de journées, le nombre de followers_ ”,dit-il.
Les messages, dans ces comptes nouvellement créés sont presque génériques, difficilement vérifiables. Les auteurs sont, parfois, cachés dans l’ombre, sous des faux noms, des sobriquets, des sigles ou des acronymes. Ici, on ne parle pas que politique. Mis à part les éloges , souvent mensongers et impressionnistes qu’on fait des candidats, on y partage également des blagues pour divertissement, des informations fictions, sans fondement aucun ; ou parfois même des insultes les uns envers les autres.
” _Je me souviens d’un internaute qui avait traité un candidat de diable venu diviser les Congolais, à la solde de l’étranger. Il faut voir une pluie d’injures lui lancées. Si c’était des flèches ou des pierres, il pouvait en mourir. Pour couronner tout ça, le fameux administrateur de la plateforme a été invité, par les membres, à l’en extirper manu militari, sans lui laisser la moindre occasion de présenter ses moyens de défense. Ce nouveau monde médiatique est des plus dangereux, je vous dis, par absence de loi et de texte pouvant le règlementer. Malheureusement, c’est le chemin, moins onéreux, que se sont trouvés les honorables sortants et entrants, pour battre campagne_ ”, dit Myriam, jeune étudiante et leader communautaire en ville de Goma.
Le 20 Décembre 2023 a été le jour des élections tant attendues. Certains comptes, déjà, s’affaissent. D’autres existent encore mais ne sont plus alimentés et manquent dorénavant de contenu. On croirait que les acteurs sont d’ores et déjà partis en congé. Seuls quelques-uns résistent encore au délaissement mais perdent, à chaque minute qui passe, de leur ardeur. C’est, peut-être, le début de la découverte de ceux qui étaient seulement des plateformes circonstancielles électoralistes, vouées à se dissiper juste après les élections, pour laisser place aux comptes et applications de communication professionnelles.
Rochereau Kighoma
