Insécurité à l’Est: Deux ans après, la zone sous occupation du M23 est-elle devenue un territoire à part ?

Après plusieurs années de sommeil, pratiquement près de 9 ans, le Mouvement du 23 Mars, une émanation directe du Congrès National pour la Défense du Peuple, reprend les armes. Cette fois-ci, il revient plus aiguisé qu’avant.

Selon les déclarations de la Monusco dans ce sens, le M23 est arrivé avec des armes plus sophistiquées que les siennes. Peu à peu, ces rebelles Rwandais vont réussir à grignoter des espaces vertigineusement riches du Nord-Kivu. Ils conquièrent une bonne moitié du territoire de Rutshuru, de Bunagana à Kitshanga ; de Kibumba à Kahunga; de Kiwanja à Kinyandonyi et, de Kalengera à Tongo.

Par la suite, ils vont même mordre un peu sur les territoires de Masisi et de Nyiragongo, avant de rencontrer une résistance farouche des forces loyalistes qui leur imposeront un arrêt net, dans leur marche meurtrière sur le sol Congolais.

Partout à leur passage, ils s’arrangent de leur manière purement rebelle pour administrer les zones ainsi occupées.

“Chez nous ici, ils ont déjà fait une nouvelle mise en place des autorités coutumières et des autorités territoriales. Cela va de l’administrateur du territoire aux petits chefs des villages. Pour la plupart, ce sont des personnes non autochtones, repiquées comme par magie dans ce milieu”, a laissé entendre un habitant de Busanza, qui a requis l’anonymat.

La même source renseigne que les taxes sont perçus et prennent une destination mystère. On assiste impuissamment à des mouvements de troupes inconnues, tantôt des officiels étrangers qui tiennent des discours obscurs ça et là, sentant le tribalisme et la cessession.

Plusieurs autres sources contactées pointent du doigt accusateur la République du Rwanda ainsi que l’Ouganda d’être les instigateurs de cette situation macabre. Leurs monnaies, le Franc Rwandais et le Shilling ont cours légal sur les zones conquises pendant que la monnaie Congolaise disparaît de la circulation. Le commerce se passe désormais comme si les frontières n’existaient plus que de nom. Les habitants Rwandais tout comme Ougandais ont occupé les maisons, les champs à terre Congolaise.

“Tout change avec le temps. Les voisins d’en face s’installent paisiblement. Personne ne se croit plus en République Démocratique du Congo, au vu de ce qui se passe ici. La situation actuelle nous oblige à aller vite jusqu’à apprendre leur langue, pour éviter les tracasseries de leurs services de renseignement et de sécurité. Dernièrement, après une visite éclaire d’un haut cadre du Mouvement à Bunagana, le verdict est tombé : plus question de faire usage des réseaux de Vodacom, Airtel ou Orange. La chasse à l’homme s’en est suivie. Des jeunes gens trouvés encore en usage de ces outils de communication mobile ont été tout simplement ramballés comme des fagots puis, amenés manu militari en destination inconnue, voici près de 2 semaines. Nous apprenons que tous ces prisonniers pris dans la contrée sont incarcérés au Rwanda où ils subissent des tortures et sont forcés d’admettre des choses “, nous a révélé au téléphone un ancien dignitaire de Bunagana.

Bunagana, cette ville stratégique frontalière avec l’Ouganda est tombée aux mains des envahisseurs M23 depuis le 13 juin 2022. Après un simulacre de retrait, ils y sont présents dans tous les services à la fois. Rien n’échappe à leur regard, dans les activités civiles comme militaires. Dans leur soif expansionniste, ils ont récemment engagé des combats sur plusieurs fronts, où ils subissent énormément des pertes en hommes et en minutions. Il s’agit, par exemple, du front Nord de Goma, à Kibumba ; aussi à Kilolirwe, dans le Masisi, où l’on assiste à des déplacements massifs des populations fuyant les zones des combats.

Rochereau Kighoma