“La protection des ressources halieutiques du Lac Édouard pendant la crise sécuritaire causée par les M23-RDF: enjeux et défis”, était la thématique au cœur de la conférence-débat organisée par la jeunesse Élite Ressortissante de Virunga, JERVI en sigle. C’était en marge de la célébration de la journée nationale des poissons, célébrée le 24 Juin de chaque année. Plusieurs jeunes issus des différentes agglomérations du paysage Virunga ont rehaussé de leur présence cette activité scientifique.
Parlant de l’impact de la guerre sur l’écosystème aquatique du Lac Édouard, l’Assistant Justin Musambali a, dans son exposé, expliqué que la résurgence de la guerre du M23 n’est pas la seule à la base de la pêche illicite sur les eaux du lac Édouard mais une occasion saisie par les pêcheurs clandestins pour intensifier leur pratique malsaine. L’orateur se dit persuadé que plusieurs pratiques illégales au-delà de la pêche illicite sont à la base de la faible production du Lac Édouard, notamment la surpopulation des pêcheries, la corruption des agents de service habilités dans la protection de la pêche, la surpêche, pour ne citer que cela.
” _Nous sommes les premiers destructeurs du Lac Édouard. Les rebelles du M23 ne sont pas les seuls auteurs de la pêche illicite mais ils viennent seulement accentuer. Les clandestins profitent de cette occasion pour pratiquer la pêche illicite dans toute quiétude à cette ère de l’absence de l’autorité de l’État_ “, a indiqué.
De son côté, Metya Mbaghingana Bipoli, conservateur de la nature a démontré , au cours de la formation, que l’exploitation du pétrole est un danger sur les ressources halieutiques du Lac Édouard.
Cet écologiste pense que, l’exploitation du pétrole introduira, non seulement, la disparition de la marmaille des espaces aquatiques, mais aussi, un déséquilibre et une érosion écologique.
” _L’industrie pétrolière a de l’impact sur les poissons du Lac Édouard et l’environnement. Des sources d’énergie nécessaires au fonctionnement de nos sociétés sont fournis par le gaz et le pétrole. Mais, l’extraction génère également une série de coûts sociaux et environnementaux et futurs qui doivent être comparés aux malheurs apportés à la biodiversité_ “, a- t-il, pour sa part.
Quid du statut du Lac Édouard ?
Le statut du Lac Édouard relève plusieurs interrogations au sein de sa communauté riveraine. Pour Patrick Kasereka Musambali, le Lac Édouard a un statut particulier, vu qu’il fait partie intégrante du Parc National des Virunga. Ainsi, le Lac Édouard est soumis à la loi n° 14 Février 2014, relative à la conservation de la nature.
” _Dès lors la loi numéro 14/003 du 11 Février 2014 relative à la conservation de la Nature à son article 25 interdit toute activité avec les objectifs de la conservation dans les aires protégées. Toutefois, la même loi dispose également, dans certains cas, des dérogations à ces principes”_ , a-t-il enrichi.
Il sied à noter que la productivité du poisson dans le Lac Édouard a sensiblement baisé depuis plus d’une décennie, une situation à la base de la vulnérabilité de sa population riveraine.
Victoire KATEMBO MBUTO à Goma
